20170228 mantra contraire


il est temps de se regarder en face, et de dire ce qui ne va pas. à quel point je suis loin, loin de tout ce que je pouvais espérer. une chanteuse seule me tient compagnie à la radio. je fais ce que je fais en faisant autre chose. autrement je n’y arrive pas. je dois un peu détourner les yeux. de moi-même, de ceux qui me regardent. « incroyables réponses stupides au maillon faible », c’est écrit, sous mes yeux. mantra contraire. personne ne m’a dit ok. de toute façon je n’aurais pas été d’accord. j’en ai, des 04 heures 07 en réserve, à écouter le tristango. je suis prêt à échanger tout contre un seul visage. qui me regarderait et que je regarderais aussi. avec envie de cinéma permanente, façons étranges de se nourrir.

je ne sais pas quel trésor que je n’ai pas je dilapide.

ce soin brutal


2015-0430_IMG_6038

on dit ça comment, dans quelle langue. ce soin brutal. on ne veut pas que la musique cesse, que ça ferme. je préfère renverser les tables. si tu préfères te réfugier dans les bras de l’inconnu. quelqu’un s’est barricadé aux toilettes. qui reste immobile, de profil, hors des questions du miroir. des gens parlent à travers la cloison, en battements sonores. amours de carrelages. et moi là seul sous les facettes. je n’avais plus, depuis de longues années, je n’avais plus pensé à cette personne. qui vient d’entrer, de passer la porte à l’heure pourtant de la fermeture. et me dévisage fièrement, me disant, « te voilà enfin ». je sais qu’on a envie de parler, de pleurer, sous les barricades. aucun repentir. pas de prétexte. même nu. on avance l’un vers l’autre et déjà nos ombres se touchent. je m’étais évanoui la première fois, chez toi, souviens-toi. — je sais, je sais tout, puisque je me souviens. tu es saoul. viens.


comme les bras peuvent vous manquer parfois. ainsi que marcher longtemps le long d’un quai, la nuit, en parlant. tous ces pas grand chose. qu’on peut regretter. une vie entière. je n’avais même pas une photo de toi. je n’avais plus que le souvenir de cette chanson russe. et de nuits non couchées. viens mon hiver, je t’accompagne. allons fumer ensemble en regardant la braise, sous la pudeur des arches. et ces mille vernis sur nos visages-soupçons. on appelait ça les ambres. prête-moi tes yeux fermés, la douceur des regrets. que toute cette attention est violente. je suis d’accord pour changer de tout, d’emballage. j’aime toujours l’indélicatesse de tes regards. que je retrouve les lendemains, intacts. balais qui me ramassent in extremis.

milonga triste


à l’heure de fermer cette porte
je prends une dernière respiration de l’air d’ici

les grands blocs d’immeubles comme ils étaient laids et comme je vous aimais
par le ventre
par les tangos de sous-sol
ceux des seize ans qu’on continue d’avoir toujours
en dépit de tous les poids

l’arrachement de quitter quelque chose,
on ne pense pas à ce qu’on trouvera ailleurs,

rassemblés, en un instant, ce n’est pas une pensée, mais une brèche dans le cœur
tous les souvenirs de café
réunis en un seul souffle
les rires derrière la buée,
la douce pente du dos de ta main

je n’ose pas relever les yeux vers ton visage
au point de contact nous risquons, cette fois-ci, de pleurer,
dans le trop-tard
est-ce à tant danser, sur le carrelage fendu, qu’on s’est perdus de vue ?