cadran


il y a toujours un moment dans la journée où je me détache. où je n’appartiens plus à personne, nulle part. un torrent s’écrase en moi et se fige. quelques fourmis passent à l’intérieur de mon avant-bras. j’ai tout juste le temps d’apercevoir l’hésitation qui occupe mon propre visage comme une terre de passage. ma tempe semble avoir la douceur d’une statue antique, que personne n’a plus caressé depuis longtemps. mon visage devient un cadran solaire.

couchée sur le sol, la forme de mon corps devient énigmatique à force d’obstination. l’obstination des absents, des mendiants, des regards de peine et de pierre. mais la sensation d’une veine courante cristallise tous mes qui-vive, je suis une autoroute de nuit, rythmée par les éclairages, les rares dépassements, les brusques débrayages de ce qui tourne autour de moi. je sens les rares regards des phares, tout un enveloppement de phosphènes qui m’éblouissent, des striures qui sont autant de serments.

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