20170123 électro-ménager blues détraqué


des procès honteux faits à, des révélations inattendues, des règlements de comptes en série, du porno bio. il manque chaque matin la parole des écrivains. on n’en a pas fini avec l’excès de simplification. tu branches la cafetière et voilà qu’elle se met elle aussi à éructer comme si elle était sur un réseau social quelconque. ce qui était un lieu à part, un lieu de création et d’étonnement est devenu sur lequel il faut vomir à l’entrée.
il n’y a pas toujours une parole prête à répondre à un discours, c’est le problème que je remarque.

qui s’occupe de moi aujourd’hui, qui vient me nourrir, me chercher. qui vient me laisser aujourd’hui. je veux lire, je veux regarder par la fenêtre, je veux le minimal cold electro wave pour laver les plaies silencieuses. please no messages, no todo at all. voilà qu’on me demande d’exister, par ci et par là. je ne suis pas un four à micro-ondes dont on appuie le bouton boost sur quelque trente secondes. mais je veux bien trente secondes d’éternité par jour. je peux décider d’aller retrouver le cercle de l’enfer des hypermarchés, de tirer à la carabine sur le lac. rien ne m’est conseillé au téléphone lorsqu’on me démarche. c’est pourtant l’heure à laquelle je ne devrais pas être chez moi, à caracoler brillamment de main à main. pendant que vous regardez les statistiques, ou les vidéos de distraction qu’on aura postées pour vous, pour vous éloigner de vous.

micro-coupures


Au moins j’aurais été contemporain de quelques trains. Souvent en retard. Mais quel ennui. J’envie ce type qui dort à côté de moi, de l’autre côté du couloir. Mais je me sais capable d’ennui même en dormant. Je me demande si un jour il me viendra l’envie de voyager avec un oreiller. J’imagine un dispositif futuriste : un oreiller grâce auquel, simplement en y posant la tête, on pourrait être transporté partout. On me fera remarquer que. Soudain un tunnel me soulage de la lumière sur ces champs verts jaunes moches. Une nuit opaque de quelques secondes, forcée, qui détend les nerfs. Je réalise que j’aimerais bien parler de rien avec quelqu’un. Mais je ne vais quand même pas réveiller ce type. Et ne plus savoir quoi lui dire. Un hangar gris est peint affreusement d’un paysage de mer. J’échange quelques messages de pouces sur mon téléphone. Mais on est coupés tout le temps. Dans ce train nous allons plus vite que les ondes. Il ne faut pas espérer de messages en temps réel. Je remarque que je me suis justement coupé ce matin, je crois peut-être avec mes clés en partant, au pouce droit, à la phalange. Pâle ange. Non. Ma conversation est soumise au caprice du réseau vacillant. J’imagine une conversation, réelle, dans laquelle on serait coupés par une mauvaise qualité de l’air ou même, de l’écoute. On ne verrait soudain plus que les lèvres de l’autre bouger. Ce serait reposant souvent inquiétant. Pourquoi pas hein. Le train a un peu d’avance, ça me contrarie, plus rien n’est logique. Je n’ai aucune expérience en la matière à transmettre. Je suis plus familier des retards. Les miens. On nous arrête, à cause de l’avance. Où nous sommes, je lis voie a, voie b, repère x ; oh je descendrai plus tard, au prochain quai, le dernier quai au possible. Des gens sortent l’air méfiant avec leurs bouteilles en plastique vides. Le plastique m’a parfois un air si précieux. C’est comme un rythme dans les mains qu’on suit sans le savoir.
Je pense au corps abandonné. Endormi peut-être encore. Sur le lit. Abandonné absent. Pâle ange, oui. Le dos bouge un peu, chair lointaine, composant l’absence. L’absence de réponses. 
Le train repart.

Par la fenêtre, je défais l’image, en regardant seulement la perspective. Je voudrais la désapprendre, et que mon regard soit plat. Je décompose l’image avec mes yeux, je l’aplatis, je retourne à des temps très anciens. Puis je réalise que je peux écrire ce que je veux en utilisant cette manière.
J’essaie, j’essaierai ce plat des mots, s’il fait mal ou bien.