deux heures du matin après une journée entière à se taire, à ne faire que tourner la boule à facettes de l’ennui. j’étais absent trop longtemps hanté. encore aucun visage ne m’aura un peu désaccordé. je pousse le volume de la musique au maximum comme un besoin de respirer, respirer plus fort. le silence, ça se déchire. mais je n’ai pas la place pour de grandes enjambées. le plateau de jeu est trop étroit. quelques phrases d’adresse viennent à ma mémoire, enfin, à ma bouche plutôt, bouche sans mémoire ; de ne les avoir jamais prononcées. j’ai quelques visions nocturnes, tirées sur moi comme des flèches par je-ne-sais-qui-quelque-part, une rue de nuit dans Londres, une piste faite de planches le long d’une plage, des cerfs impassibles dans un bois, des souvenirs ivres, mais tout est trop fugace, pas suffisamment électrifié s’évanouissant.
j’aimerais moi aussi raconter les visions monstrueuses qui m’animent, les tourments, les cauchemars. mais je ne retiens que la blessure du banal. je regarde le sac par terre, sac vide, je regarde l’étagère toujours immobile et silencieuse. it. doesn’t. matter. ça recommence, quoi, je ne sais pas. l’heureusement dans la gorge, l’ange silencieux sur le morceau de verre coupé.
Archives du Tag musique
journée, ou rêve, je ne sais plus
journée, ou rêve, je ne sais plus.
pas sorti. j’ai reposé mon corps sur la fourrure synthétique pendant une bonne partie de la journée. j’ai exécuté avec brio une seule chose : négliger d’appeler quelqu’un. je ne parlerai à personne aujourd’hui, j’ai décidé. je ne ferai que tordre des bribes de pensée comme des poupées qu’on écartèle.
excellente surprise d’une découverte de placard : des légumes sous-vide, d’une couleur de chairs molles dans leur plastique à l’abandon, se sont révélés à la fois souples et fondants, une fois sortis de leur gaine.
sur le lit face au plafond, j’ai échafaudé plusieurs strates d’un raisonnement (nota : sans intérêt particulier), le poussant dans ses retranchements jusqu’à ce qu’il s’écroule de lui-même.
c’est trop fatiguant de chercher les choses en soi, on ne trouve jamais rien dans ce bordel. tout est vague et horizontal.
j’aime qu’une musique, quelque part, tourne pour rien, et cela pendant des heures, sans que personne ne l’écoute, mise en repeat. j’y trouve un plaisir particulier ; c’est comme si je torturais doucement le silence qui m’en fait voir toujours de plus belles.
puis, un murmure :
de profil dans le miroir
face à la fenêtre noire
j’écoute une chanson constituée du seul mot « girl »
je suis si fatigué
mais dans ce refus du sommeil
— très peu de moyens pour un maximum d’effets —
j’attends la visite de tous les temps passés
comme le regard est sérieux, de face, dans le miroir ;
sous ta langue est caché un ressac sorcier
qui te fait toujours dire : « Jamais ! »