trop seul, le mec, vraiment trop seul. il ne va pas dormir. il ne fait rien la nuit que regarder, trop penser avec le ventre. broyeuse d’inquiétude. le regard dans le terrain vague. quelqu’un, très loin, ne pense pas à lui. il n’a pas envie de dormir, il s’est forcé à manger. il a les yeux humides, il fume trop. écoute des musiques bien noires. on se fait un café ? il est trop tard ? on s’en fout ? qui ça dérange. c’est l’hiver. trop vague espoir. reporté sur la collection printemps-été. mais c’est loin. il y a encore des semaines de vertige à traverser. idéologiquement nu. aucune force de caractère. perdu sur le plateau. il ne s’est même pas habillé. il a regardé la télé. l’objet, le poste allumé. il l’a regardé, il n’a plus aucune idée de ce qu’il a regardé. il n’a rien vu. il ne fait que voler des images dans le cerveau d’une autre personne qui dort à des années ou à des kilomètres de lui. son seul échappatoire : les titres anglais des chansons qu’il écoute. juste les titres. pas capable de plus. plus d’amis. personne à qui parler. il pleure dans son café, qui ça dérange. vouloir et incapable d’être ailleurs. échange non-standard. tu verrais sa tête, sa grimace.