20160402 talk-shows


J’ai toujours pris pour moi chaque occurrence du mot silence. J’entends encore très bien ce cri solennel à la fin du Mépris, sous cette lumière crue de chute d’icare. D’innombrables autres « silence ! » encore vers lesquels je précipite mes antennes de papillon. Oui j’étais de plus en plus fasciné par ces gens qui parlent sans cesse, par les bavardages de tous ordres, les parleurs, les débits de parole, les sujets de conversation, les échanges grands et petits, ce qui se dit, ce qui se parle, tout ce qu’ils ont à se raconter tout le temps, je regardais la TV qui est le grand organe malade de la parole, les talk-shows, n’est-ce pas de la plus grande bizarrerie, des gens filmés en train de parler de tout et de n’importe quoi ne me concernant en rien, j’avais contracté cette fascination pour les talk-shows et leurs sunlights toute cette lumière qui venait s’écraser sur les maquillages de vedettes qui pour la plupart, m’étaient inconnues, je pouvais m’en froisser les tympans pendant des heures médusé.
Ensuite, j’éteignais. J’écoutais, derrière mes rideaux fermés, sans regarder, le vent ou la pluie, toute une sorte de matière météorologique molle, pâteuse, sans âge, rageuse, comme une musique d’éternité.