Pour certains, les mots sont des objets qu’ils manient en les admirant, comme ils le font des fleurs, des oiseaux, de la nature. Je vois plutôt ça comme des objets bien plus terre à terre, brisés ou hors d’usage ; un flipper qui ne marche plus, qu’est-ce qu’on en fait ; on le jette, ou on le garde car on l’aime bien quand même il sert à rien ; des machines dont on ne sait plus exactement la fonction, des bouts de métal sans plus d’utilité et dont la beauté viendrait de mon désarroi à leur égard, et qu’on frappe les uns contre les autres en espérant une étincelle.
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rouge au hasard
je lui tends mon briquet – et c’est toute une indécision qui se pare
il y a toute la nuit dans ce briquet en plastique – l’envers de la nuit peut-être
son visage est dévoré par les bords — je n’attends plus que ses mensonges — accoudé où ça fait le mal
j’ai l’impression qu’il est beaucoup plus tard — est-ce parce que rougissent des joues aux hasards
faisant circuler un ordre revolté contre la beauté ?
je ne veux rien savoir de son sourire épine
son cheveu dans l’œil c’est le dernier véhicule l’astre qui flamme
c’est l’heure où ce qui emporte n’est pas ce qui importe –
roulent des confusions – on nous prend pour un autre – des mains aggravent les situations
on prend les mauvaises voitures les mauvaises décisions – tranchant coupable – perfusions –
l’émotion est une voie de garage ; fatiguée
des rings fins tissés autour de nous définissent l’humeur pâle dont se modèlent les figures
c’est déjà la jade heure où je me retrouve seul – je marche en cercles concentriques s’obscurcissant –
jusqu’à apercevoir, de dos, des saisons premières, des suicides d’instants – à chaque étincelle
un déshabillement —
poème d’ennui /1
-ou bien plus jamais et tout refroidissait
-comme le clandestin heureux qui existe peu mais bien
