beauté d’un escalator, figé. celui-ci est intérieur. une manière de désapprivoiser le vertige. je m’arrête à mon tour. j’ai l’impression qu’il n’y a plus rien, que telle une boîte de conserve le monde s’est vidé. j’ai l’impression cependant d’en percevoir le bruit fantôme, le roulement de sommeil. je ne sais pas s’il va se remettre en marche et m’inviter à monter, ni vers quel endroit inconnu où peut-être l’on m’attend déjà. ou si à l’inverse, une personne va s’y présenter et en descendre, se dirigeant vers moi dans ce lent et continu mouvement sans effort, robotique, tournant à mesure son visage à mon endroit et bouleverser mon mode d’existence par sa carnation, son vêtir, la parole qu’elle va m’adresser. c’est un silence où toute projection se dilue, rien ne se passe qu’une contemplation basse, secondaire, la conscience qu’il devrait y avoir autre chose me remplit d’une joie à son tour mécanique, en pause ; de courte durée, et qui menace de s’inverser à la peine. suis-je le seul ? devant un dieu d’entrailles. de marque oracle. où plus personne ne se toise. depuis combien de temps. un cadran doré. tout cela se passe sans moi. je ne pense à aucun agencement, ni à la complexité fragile de l’ensemble. je me retrouve comme devant un cerf en soir de campagne, son regard couvrant le mien. où êtes-vous ?