Que faire, trop de trucs en cours, trop de pièces ouvertes, de pièces jointes. Trop de notes, de brouillons. Prolifération des friches. Qui m’accompagnera là-dedans ? Drôle de question, c’est un peu pathétique. Mais l’instant d’après, ce n’est pas grave. L’instant d’après, c’est même bien. T’inventes une pente à remonter. C’est une tragédie de boulevard dans ma tête. Des événements font dérailler le quotidien, comme par exemple le beau verbe d’épauler. Il y a ces êtres qui transfigurent le banal en se griffonnant le visage. Tous les jours ici et là, du rosâtre se mêle au pâle. Pour donner une idée de la vie. Le seul être authentique, c’est l’être un peu plus nul. Être ou ne pas être un peu plus nul. À partir de là, plus le choix, il ne faut plus reculer.
Tout à l’heure, dans la rue… Pas besoin de compléter, c’est une phrase qui suffit comme phrase. La phrase se suffit. Il faut moins d’intermédiaires, et plus de vent. Dix minutes de paroles floues mais disponibles. À disposition dans la boîte à gants. « J’ai gardé le même numéro » (je réponds à quelqu’un qui me demande). La déconcentration, les mots de passe, tout ça. Baie béante dans laquelle je baille. Quand plusieurs phrases viennent en même temps, vous choisissez laquelle ? Avez-vous déjà osé parler de vous ? Est-ce qu’on vous a cru ?
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reconstitution
(brouillon)
à la place de [autre chose], écrire quelques mots en vitesse parce que la faim ou la lassitude (d’une seule journée, d’une heure précise et passante), juste pour rattraper… comment se dit « rattraper » dans chaque langue que je ne connais, pas, tout ce que j'(e r)attrape ce sont ces trains de songe, langes désenvoûtés,
j’ai rêvé, cela me revient, d’une robe compliquée où tout ne tenait que par la main longue et fine (d’une femme sans visage) retenant en un point précis tout l’écheveau compliqué des fils, des tissages et textiles, qui aboutissaient donc tous à ce point précis sous l’index appuyant légèrement (à peu près au niveau du coeur, de ce genre de pression légère qui fait monter un peu le sang à la surface) (et où ne désire que l’aiguille)
si l’index avait abandonné un instant ce noeud (où rien n’était noué, seulement tenu), tout se serait défait du vêtement de cette femme sans visage
et pourquoi ne pas voir tout, c’est-à-dire en premier lieu la musique, comme cette chose, tenue par à peu près rien mais quand même retenue
ou bien ces tableaux de couleurs assemblées, vives, personnages de dos dans des couloirs et des intérieurs dérobés, chaque couleur se taisant à la place de l’autre (couleur, personnage) (l’autre personnage, le personnage invisible, vu seulement pas le personnage visible (visible mais masqué, de dos, cherchant à sortir de la pièce par la coulisse (qui sans doute n’existe pas (le drame des tableaux))))
(dans l’exposition les gens se pressaient devant les tableaux, je ne pouvais jamais en voir un seul en entier, dans sa globalité, j’agrégeais les pans accessibles à mon oeil de différentes oeuvres, selon un collage dans l’espace (par voisinage sur les cimaises ou par mouvements rapides de l’oeil à travers la salle ovale de l’exposition, grouillante de monde)
(à reprendre, moins vite, au trot, à suivre, donc)
(cumatium cimaise / échine du chapiteau ionique)