
Amoureux ?
Superbe film de silhouettes en même temps que de visages. Et de fratries, parfois aléatoires, transposées ; rien n’est sacré semble-t-il pour John Ford, et c’est ainsi qu’il fait feu de tout bois, qu’il s’attache à tout ; chaque détail est susceptible de se charger en un instant de vie et d’électricité ; c’est la revanche de tous les chercheurs d’or. Il a l’air de réaliser tout cela en faisant autre chose, en galopant sur un cheval ; pourtant, quelle finesse, mais une finesse toujours étourdie dans le détail, dissimulée par la poussière du galop, ce qui semble être une forme supérieure de délicatesse.
Dès le début, quelle belle densité il sait donner au bref destin du personnage du jeune frère. Il ne vit que quelques minutes mais restera pourtant inoubliable. D’ailleurs, c’est lui qui lie tous les destins ensemble, jusqu’à cette fiancée qu’on ne verra jamais. Car nous suivons aussi dans ce fim le destin de personnages invisibles (la fiancée, le père), non seulement de premier ordre, et même davantage lumineux que ces ombres que sont parfois les personnages présents.
Des personnages d’une grande complexité dont on saisit en un instant toute la profondeur, inscrite sur les visages. Une action d’une portée métaphysique profonde.
Ce que je trouve extraordinaire avec John Ford, c’est comme il peut être, aussi, en même temps, Dreyer.
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