Je devrais chaque jour commencer par écrire le mot « aujourd’hui ». Ce qui suivrait aurait moins d’importance. Je m’imagine fait de miroirs, voilà qui je voudrais être : n’être plus que celui qui reflète, sans se préoccuper d’être soi, juste passer de l’un à l’autre. Tout le monde serait comblé. Mais je garderais une crinière flamboyante, à l’intérieur de moi, au chaud et à l’abri des regards. Ces derniers jours, je ne supportais même plus la musique. Pour la remplacer, j’avais, je ne sais pas trop pourquoi, sans cesse en tête le mot « pectine », qui était une sorte de réconfort très modeste, portatif, compact.
À cette heure (toujours aujourd’hui), j’entends sans les voir des chutes d’étoiles ou de poubelles, des transvasements de containers, de galaxies, de bouteilles en verre.
Quelqu’un, dont le prénom étrange est peut-être Oscar, s’est immiscé dans mes pensées. Je ne sais pas qui c’est. Simplement un prénom. Il allume des interrupteurs. De mon côté, mis en confiance, j’éteins les significations une à une, pour avancer.
Tout à l’heure, des gens sortaient de l’opéra, allaient dîner, sans empressement. Ils avaient envie d’endosser des rôles eux aussi. J’aime cette allure de ciseaux qu’ont les gens qui marchent en travers de la nuit.