ces comprimés d’abandon

oh les frémissements, ce qui court sur les murs, c’est-à-dire, nous échappe…
j’ai toujours cette idée de me retourner, brusquement, pour te surprendre, mais c’est à chaque fois trop tard. pourtant, j’étais assez adroit, dans les manèges, les auto-tamponneuses ; dans la rapidité des cous.
j’écoute de la musique dans ma chambre, et rien à faire, les notes m’échappent les unes après les autres, pas moyen d’en retenir une ; j’aimerais mieux, à cet instant précis, rouler sur un asphalte quelconque. mais je suis dans un appartement froid à la campagne, le frigo est vide, le sol même pas droit. oui parfois, les sols même nous mentent. ce n’est absolument pas triste, je précise, c’est même une occasion de rire pour se rassurer dans la nuit mal comblée. ça y est, je suis pris de verbiage, ce vertige. je dois absolument prendre ces comprimés d’abandon que m’a prescrit le voisin. il n’est pas docteur, mais qu’importe : le palier, voilà qui est tout autant rassurant et qui vous soutient.
… mais… je me suis promis de vous raconter quelque chose d’un peu valable, je veux dire comme si vous aviez pris un ticket, un ticket pas cher, mais satisfaisant. alors, je me reprends. je me reprends par un autre bord, et qui je vois!, l’affreuse posture qui écrase tout en laissant des traces sur le papier peint.
je pense aux moments où, sans qu’on n’attende personne, on sonne pourtant à la porte. quelqu’un. la stupeur nous étreint, nous ceinture le ventre, pris de désirs contradictoires, nous sommes prêts à tout avouer, enfin, je parle pour nous, j’ai pris la parole, tant qu’à faire.
on va donc, après s’être recoiffé vite fait, ouvrir la porte, on se promet de ne pas acheter de nouvel aspirateur (j’en ai déjà trois, je ne me ferai plus avoir!), et puis c’est Demain, là, qui se présente à la porte, entre soi et les autres, on ne sait pas s’il veut entrer, mais tout ce que je remarque, c’est qu’il porte au poignet, Demain, oui, une montre qui retarde…