2021-0110

une heure, une heure du matin. c’est tout sauf le matin, c’est le noir profond de l’âme. il n’y a des bruits que de compléments. je pourrais presque m’endormir. mais quelque chose me retient, me tire par la manche. un prélude, et ses résonances. c’est-à-dire, des choses qui n’ont que peu à voir entre elles mais qui se rencontrent néanmoins à la faveur de l’obscurité. il y avait quelque chose au bord du coeur. le soleil caressait les peaux pendant que nous marchions autour du parc. tous les jours le même rendez-vous, sans avoir besoin de se le dire. pour tourner autour du parc. en parlant, le plus souvent. en écoutant. des vélos, qui nous dépassent. n’existe pas de plus beaux bruits que les bruits que font les vélos. bruits liquides des feuilles qui bruissent, sans qu’on ait besoin de les regarder. l’attention minimale des pas sur le trottoir. un arrêt, une limonade ou un vin blanc à l’eau gazeuse, pris à la buvette près du musée. près d’un bar qui s’appellerait Plafond. un mythe se construit sans prévenir. vers dix-sept heures de soleil en bascule, quelque chose se dénoue, se défait. la journée encore radieuse, encore en cours en tout cas, est en train de tomber, on se perd. je, on, nous ne reconnaissons plus tout à fait le chemin. pourtant le parc est toujours là, immobile et intimidant. on hésite, on ne sait plus très bien quoi faire. il reste un peu de temps, on pourrait aller au bord du fleuve, regarder les gens oiser. je n’ai pas tellement envie de décider ni que ça finisse en soir, en nuit, je n’ai pas sommeil, j’ai peur et besoin du noir. il me faut quelques notes de piano, une bouteille de liqueur. les heures se sont mélangées, car je ne suis plus personne non plus de très précis. juste moi, toi. au choix. perméable, élastique. la répétition des secondes, qui ne mène jamais à rien, une promesse sans définition précise, qui reste inassouvie. je reviens parfois seul voir le parc de nuit. je ne tourne plus autour, je le traverse. il y a des bruits plus dérangeants. je retiens ma respiration. au milieu du parc de nuit la ville n’existe plus. une sorte de frayeur augmentée pulse, nourrie par le calme. une heure du matin l’heure idéale pour se rejoindre. visages subsidiaires, mains tremblantes.