hélice


ÉCRIRE c’est la peur de la liberté. Cette phrase a (au moins) deux sens, presque opposés. Si bien opposés que je n’arrive maintenant plus à comprendre, à entrer dedans, dans la signification. Trop parfaitement joints. J’en ai perçu la limpidité le seul temps de la formulation, ensuite de quoi je me suis cassé la gueule dessus. Tant mieux si le sens est tombé. Je préfère les phrases devenues impénétrables. Je les ai écrites, elles sont issues de mon intimité la plus mystérieuse, et elles m’échappent néanmoins complètement. J’écris n’importe quoi ça soulage le cœur. Emporte-les bien loin les mauvaises ardeurs. Certains soirs je refuse de me coucher, je n’en ai pas du tout envie. Je préfère attendre qu’une phrase vienne se cristalliser à ce point précis de mon crâne en extase renversé. J’ai fatigué sur toute la journée ma pensée, consciente, structurée, réflexive, idiote ou obsédante, et je me retrouve désormais avec les restes, les hélices, des rubans déchirés qui volent sous le vent de la nuit.

Le thé quand je le bois 
est désespérément froid.