Coming Out (Heiner Carow). les personnages sont magnifiques. absence totale de cynisme, une innocence certaine, pas loin de penser que le cœur du cinéma soit l’innocence (en relisant cette note je repense à ça). en tout cas c’est ma conviction à ce moment-là, c’est ce que le film a décidé, a emporté. et puis je me laisse souvent gouverner par des personnages de fiction comme s’ils me jouaient la sonate au clair de lune.
un film, ce n’est pas qu’un film. cela peut-être davantage, des lieux. oui, des lieux, des endroits. ne disait-on pas des « vues » ? et aussi dans Coming Out j’aime entendre ce souffle dans le son, dont on ne sait si c’est le souffle de la ville, ou le souffle du film lui-même. cinéma : art mélancolique, art nostalgique ? je ne sais pas bien. j’ai l’un et l’autre dans chaque œil quand je regarde et me laisse éblouir. mais j’aime la nostalgie, et j’aime bien l’aimer malgré le fait qu’elle ait si mauvaise presse, que tout le monde s’en défende. on valorise la mélancolie toujours au détriment de la nostalgie, mais je l’aime tout autant et je suis avide de m’offrir aux malentendus. j’aime les films qui éclipsent la catégorie ou la notion de chef-d’œuvre, disons qui éclipsent plus généralement toute (ma forte tentation de) hiérarchie. c’est le plus réjouissant. ils sont plus nombreux qu’on ne pense.
pour tout le reste aussi une sorte d’indifférence active est recherchée. je vais l’endosser. mais c’est vrai que un peu parfois, un peu davantage, c’est en marche, j’envie moins. j’envie moins, je vis plus. de quels phénomènes pouvons-nous parler ? mes ongles poussent trop vite. à l’écoute des phénomènes que nous transformons en phrases. ce sont en fait des échos. voilà des échos. j’ai des échos à transformer.
ce soir, je pourrais presque croire qu’on est le vingt-quatre décembre. un état de calme, de vide, aucun bruit ne venant du dehors, ou de l’immeuble. revêr myope, ne pas regarder trop loin, à distance de neige. j’ai fait un rêve mais il m’oublie, ou bien était-ce un récit de rêve que j’ai lu sur internet.
je pourrais imaginer que ce que nous lisons sur internet est une forme très sophistiquée de rêve (…).
et ma tête reste vide, sortir des autres. je voudrais sortir des autres, je sais pas ce que ça veut dire.