20160802 sale de cinéma


j’aimais vraiment quand j’allais dans les salles de cinéma.
quand j’en sortais, au milieu de nulle part, je pouvais projeter sur la ville, sur les gens, les ruines, les débris du film. je pouvais me croire encore au milieu de je ne sais quelle fiction, faire comme si je faisais partie de l’histoire. je ressortais dans la lumière grise de l’après-midi, lesté d’un secret, et qui m’appartenait dorénavant. la laideur qui m’entourait prenait un sens. elle pouvait rejaillir sur moi, j’en acceptais toute la misère. l’impureté du réel remplissait d’air ma poitrine. la banalité, surtout, se méritait enfin. elle était désormais équipée de terminaisons nerveuses, innombrables et invisibles, qui me permettaient de soulever le poids des pierres mornes.
mais c’est une machine brisée désormais, qui tourne encore tout en ayant cessé de régner.

(et puis maintenant les films ne font plus de bruits bizarres. les bandes-son des films avaient toute une vie autonome.)