je rêve (endormi) du mot toboggan. piétiné par des bottes en caoutchouc, roses, jaunes, bleues, claires comme un visage d’été. cette souffrance de parc criard pour enfants. je rêve (éveillé) de phrases qui soient libérées des verbes. je les écris, et je les relis comme on les lècherait. rêve de faire des trucs organiques aux choses, aux mots, que les pratiques soient désordonnées, écrire un poème avec une fourchette.
confronté à l’impossibilité d’écrire, il me semble cependant qu’il s’agit là d’écrire néanmoins, que c’est bien la même chose. la demi-seconde d’après, épouvante à nouveau devant la page verticale, l’écran est injecté de sang à force de me regarder, de regarder le vide dans mes yeux. même pas un billet de dix à me filer. juste un peu de sueur là et là. sueur dans l’œil de trop de vide.
il faut deux lignes vivantes qui sautent au visage, un seul mot nouveau qui annihile les paragraphes liquides et ces répétitions qui se veulent neuves mais ne font qu’ânonner.
l’été c’est quand les corps deviennent collants, ne trouvent pas de bonnes positions pour dormir, qu’il y a plus de bleu, que les odeurs sont plus mélangées, volatiles (« un mélange d’odeurs d’essence, de salon de coiffure, de mésange envolée : l’été »).
j’aime entendre le souffle de la ville rendue disponible. un temps de chansons désespérément gaies qui sortent des vitres des véhicules, de pailles dans l’œil. les sourires sont plus blessants, les gens plus nus. et moi, j’hésite davantage, dans les climatisations.