beauté des fermoirs, des agrafes. fin crochet de métal qui vient se ferrer sur le cercle qui retient la pellicule de nacre galbée et sculptée. quel acharnement, que de luttes. une petite boîte arrondie, ciselée. une peau si fine qu’on pourrait voir à travers les secrets. quelle force. arriver jusque-là, traversée des époques, le sang séché n’est jamais totalement effacé. quelqu’un regarde depuis l’ombre, borgne, de ces années noires. dissimulé dans le passage. sur le col, des poussières de larmes, le sel cristallisé. piano mécanique car ils sont tous morts, ou emportés. combien y en avait-il, combien ont disparu. dernier spleen, dernier spécimen.
comme la beauté peut faire souffrir, n’est-ce pas.
carte postale qui a perdu son temps, son chemin. sur l’image ce visage blanc, délicat, sans nom. jamais arrivée pour personne. personne n’est plus là pour y répondre.
bijou qu’on dissimule dans un repli, dans une doublure de manteau, dans un faux-tiroir de console qui s’escamote. mais nul ne connaît plus le système, ni même son existence. le bijou restera enfermé, loin des regards et d’une main qui aurait pu. les ressorts, immobiles, silencieux. c’est la musique du silence, d’une désolation discrète, tourmentée. qui aurait, pu, tout ce temps après, s’en saisir, le porter.
mais les nouvelles sont mauvaises. apportées avec de la délicatesse.
le napperon de crin ou de dentelle qui absorbe le sanglot ininterrompu. génération de guerres incertainement terminées. on ne joue plus de sarabande, les noms des villes ont changé de destruction.
sur le couvercle de la petite boîte sans propriétaire, toujours rose depuis des années de centaines : un ange, un couple, une escarpolette, un cœur grave. le goût a tourné. les yeux sévères ne font plus que séparer les amants. dure éclat qui blesse.