Je me fais une purée d’heures (ça prend toute la journée aux bas mots), et quand j’ai sommeil, ça devient intéressant, je me dis « haut les mains », je me fais peur, je me glisse dans les doigts du rêve. C’est-à-dire que ça peut enfin commencer, quoi, et bien le rôle de l’écrivain-détective. Je tape mon petit rapport, laborieusement, avec le bruit softé qui va avec, sans aucune modestie, car c’est un sauvetage.
Puis jeu idiot, je tape des lettres au hasard sur le clavier. En fait c’est très difficile. Mes doigts frappent sans cesse les mêmes lettres. Il y a sans doute un oracle, quelque cause à déchiffrer ; comme si le hasard, ça se méritait, qu’il ne voulait pas se plier à des caprices ; que le hasard était plus difficile à atteindre. On pourrait peut-être écrire comme ça, taper des lettres au hasard, collecter les mots qui tant bien que mal, sortiraient de cette loterie de la frappe. Les assembler, patiemment, sans pensée, sans réfléchir, en composant simplement les associations.
Ça manque probablement de cheval ou de moteur, d’un truc sur lequel monter pour aller vite.