auto portrait


je rôde et   progressivement    ajoute des mots   autour d’elle  recomposant (plusieurs versions)


le bruit de fond de la nuit         dont j’ai besoin 
                                    et qui me dilue 

vitres fermées     vitres froissées
le vieux fond de la  nuit                
                                               moi au jour'nuit

   parcours dévasté de           néon 
                                    et qui me mouille 
        vers celle     

  
des gestes de solitude en pleine foule immerge universelle

le vieux fond de la  nuit             aussi en plein  jour 
                  effroi sans couleurs         moi au jour'nuit

   parcours dévasté de           néons
        vers celle      la ronde d'ennui  

oh qu’une seule (main) écrive pour moi 
                les événements et les successions, 
cette transmutation lente                                  abrasive
bleu intense et uni fétiche des gestes de solitude en pleine foule immerge universelle c'est elle sait-elle
forme introuvable 

heureusement quelques lumières ont atteint mon œil 
pour le caresser

le bleu intense, uni, 
de ce camion arrêté au feu pendant quelques secondes. 

tout semble frigorifié et manquant d’air 
objet lâché d'une fenêtre haute, 
ou de celle d'une voiture roulant trop vite
sur l'autoroute 

quand finiras-tu enfin de tomber?

éon regrettera longtemps ces paroles ou gestes qui brisent 
morceaux indénombrables  
gestes de solitude en pleine foule.

plus tard existe encore 

seul est assis un grand silence autour de moi 
c’est ce que je respire, ce grand silence, là. 
précis comme un anneau d'or.

je remarque, puis écoute un bruit très léger, à peine perceptible ?
ma propre respiration. je décide de la suivre 
comme si c’était la seule preuve 
et que je devais la faire parler 

être, ce visage dans la voiture de très longtemps. 
isolé et perméable, retiré, 
qui ne veut plus rien savoir, 
ce soir,
bourdonner, seulement, sur les avenues 
muettes, désarticulées.