cobalt, dimanche cut


je retrouve de grandes plages muettes, tout le long de longs jours,
et que je parle ou pas n’y change rien, je traverse, atone, le contre-bal
alone sur le catwalk

ces moments, je suis comme entièrement fait de fictions que personne ne lit pendant longtemps (mais dont j’occupe moi toutes les travées avides)

mes cils battent en faisant des bruits de mouettes mécaniques, mes regards portent loin, vers ces cartes postales que personne ne lira, qui n’arrivent jamais

mes genoux se précipitent au sol, quelque chose comme toutes les deux heures, dans un fracas de terre sèche et sans âme

qu’on ne me demande pas ce que je veux, surtout, sous peine
rien n’étant assez

je tends mes poignets nus pour que les veines en saillent, pour qu’on me menotte, mais la rue est déserte
je ne croise personne
et je n’ai pas de ces vasistas depuis lesquels me pencher sur les toits bleuis en taches de pouces
suis-je le seul à entendre cette nachtmusik
bandes sonores scotchées de sons-silences à contre-basse

j’ai fait à nouveau de longs trajets en métro, de haut en bas, je ramène les visages chez eux, chacun avec son axe démis, pauvres réflexes,
c’est comme un diapason d’ennui qui vibre en les frôlant, une contre danse
(mais il y avait cette fille aux cheveux verts qui téléphonait « je rentre »)

de temps en temps, une rue, une rue courte, et vide,
une rue mineure, dans laquelle je voudrais rester, rester, rester
et y voir la lumière la peindre et la repeindre sans cesse

effort le suspens un rythme le coup d’archer