Quelques faits sans rapports (je suis elle je ris heures dire de qui elles mime)


Depuis que je suis rentré de ces quelques jours, le sommeil me prend aux moments les plus inattendus. Je lutte, diversement. Je ne l’écoute pas assez. Pourquoi ne pas lui donner plus souvent raison, s’y rendre (« je me rends ! » comme dans le jeu, étendre les bras, baisser les yeux). « À détailler », tout comme ces « rêves du grutier » auxquels je pense brièvement au réveil, justement, ce matin. Hier soir j’écoutais le bruit typique de la rue un samedi soir (voix jeunes qui rigolent sur les trottoirs). L’abribus est comme un café ouvert toute la nuit. J’ai aussi rêvé que j’étais en train d’acheter un appareil photo. Et j’hésitais entre deux modèles complètement identiques. J’ai eu quelques confidences surprenantes. Un ami rencontré vendredi me parle d’une femme qu’il connaît, célèbre et âgée, qui vit désormais très seule. Son nom est brûlant comme l’a été sa vie. Mais elle ne sort plus désormais, elle a dû sortir « deux ou trois fois en une année ». Il vient juste de chez elle, elle lui a donné deux tranches de cake au citron que nous partageons dans ce café remis à neuf de la rue du Temple. Je rentre chez moi et m’endors un peu. Une amie refait surface et me téléphone. Son appartement est en travaux, elle vit en ce moment dans le bureau qu’un type, un amant, lui a prêté, une chambre de bonne dont il se sert comme bureau. Ils se croisent ainsi, deux fois par jour : le matin, il vient travailler (il apporte des croissants et ils partagent un petit déjeuner), et elle quitte l’endroit pour gagner son lieu de travail à elle. Le soir, elle rentre dans la chambre de bonne que lui quitte pour rentrer chez lui en lui laissant l’endroit. Ils passent encore une demi-heure ensemble à ce moment-là. C’est une espèce de double rendez-vous secret, quotidien, qu’ils partagent, entre deux portes. Dans mon immeuble, un élève violoniste répète sans cesse la même phrase musicale, compliquée. Moi, l’accompagnant, je me reprends à faire (vieille lune) des exercices de dactylographie, je tape des lignes de « film mime sidi miel legs fils lise mile file midi fiel mimi »*. Je progresse, mais je ne « maîtrise » que 14 lettres. Je me surprends, chez moi, à faire des choses à des heures indues. Une leçon d’allemand à deux heures du matin peut avoir quelque chose de réjouissant. De temps en temps un parfum me revient, comme ça, sans que rien ait été là pour le déclencher. J’ai acheté un chocolat noir qui n’est pas de très bonne qualité, mais il est constellé de cristaux de citron vert (qui rattrapent tout), qui restent en bouche quand tout le reste a fondu, et qu’on peut mordiller pour en faire jaillir les pointes d’acidité (parfait pour la nuit). Il fait plus jour et plus doux, on peut laisser la fenêtre de Paris ouverte. Tiens, je remets des majuscules. Et un repas de fruits rouges et noirs comme une religion qui c/r/oulerait sous la dent.


*le poème du cours de dactylo gratuit :

je suis elle je ris heures dire de qui elles mime
lis gel filles quelle simili femme seigle les mile film rigide
tes films titiller elle est tutu tu se timide yeuse tirer
quelles rire guide quelque firme que grief seuil diseur figure
rhum user rire urus ruse luge ride suer rude dure rire fuel