Ce qui me frappe au départ, c’est comme tout est moyen, conforme, à cela à quoi on peut s’attendre. Je suis d’emblée face à cette sensation très forte de voir, une fois de plus, des intentions à la place d’un film.
D’un film soumis à la propre idée de classe à laquelle il est censé ou souhaite appartenir, (le film d’auteur hiératique dénué de psychologie, si on veut, d’autres diraient le film de festival, etc.)
Mais si encore il l’atteignait !, mais non ce ne sera qu’une allégorie désincarnée, où toute cette volonté (de démonstration) n’arrive pas à la cheville de l’observation ou de l’enregistrement de quelque événement que ce soit.
Il semble faire un cinéma « moyen », sans qu’à aucun moment les moyens du cinéma ne soient dans le film.
Pourquoi moyen ? : rien ne dépasse, rien ne tranche, rien ne surprend, le film fait ce qu’on attend de lui, le film répond en vase clos seulement à la propre idée qu’il a de lui-même, sans se préoccuper d’autre ambition, d’atteindre quelque chose. Plutôt de que regarder les choses, il se regarde lui-même, et l’on est bien contraint de constater qu’aucune force, aucune énergie n’émerge de l’écran, rien n’irradie. Pas de présence, le pire pour un film (et même pas l’absence de présence, ce qui serait un bel exploit).
Curieuse soumission, qui se mêle avec cette impression que le réalisateur ne s’intéresse pas à ce qu’il a sous les yeux, histoire ni corps. Il s’intéresse me semble-t-il bien plus aux effets qu’il pourra en tirer et dont il pourrait user aux yeux de ceux qui regarderont. Tant de plans pour si mal montrer. (ne pas montrer les visages, est-ce cela le cinéma ? et tout ce noir, ce flou de dissimulation)
Nous ne sommes jamais dans le présent de l’action, mais toujours dans l’idée qu’on peut/doit s’en faire, dans ce qu’il faudra (plus tard, enfin) comprendre, déduire, calculer, retrancher, bref, des opérations mentales. Tout un système de brouillage artificiel, une inexposition, une saleté très esthétique.
À ce titre les ellipses trop larges ne font que brouiller un peu plus le corps du film.
Nous sommes toujours derrière le film comme si celui-ci même était une gêne au regard, à la vision.
Très simplement, il suffit de constater à quel point il est fait usage de la musique aux moments « cruciaux » pour souligner l’absence complète d’enjeu dans le plan lui-même c’est-à-dire au niveau des questions de cinéma (il n’y a rien dans le plan, sur l’écran, il faut le fabriquer artificiellement avec ce moyen extérieur).
À ce titre le travail sur le son est insupportable, pur gadget de nappes électroniques, de sons d’insectes ou de nature amplifiés outrageusement, encore une volonté démonstrative (quoiqu’obscure.)
L’esthétique d’une esthétique où tout est censé faire sens, à exiger de chaque chose, détail, élément : « — Tu vas parler, oui ? »
Et les éléments, toujours plus intelligents que la pensée, refusent.